Remise de peine – Patrick Modiano

Petit livre d’une centaine de pages, qui bascule entre fiction et autofiction, où le narrateur Patoche pourrait être confondu avec l’auteur enfant mais rien ne permet de l’affirmer. C’est une histoire d’enfants, vu à travers les yeux de Patoche qui raconte sa vie et celle de son frère entourés par quelques femmes, à qui leur parent les ont confiés, acteurs en tournée perpétuelle. Seul le père leur rend parfois visite et les emmène déjeuner dans un restaurant du village. Il y a beaucoup de question et de suppositions dans la tête de ces jeunes garçons, mais de réponses en vérité, si peu. On navigue sans chronologie précise dans ce récit, et on s’interroge sur qui sont ces femmes, que font-elles dans cette grande maison, qui sont ces hommes qui viennent régulièrement leur rendre visite. Beaucoup de mystère semble planer autour des protagonistes. L’impression de solitude que dégage ce récit est très forte. On suit les escapades de Patoche et de son frère dans le château voisin ou lors de visites éclairs dans des garages parisiens toujours accompagnés par une femme ou l’autre sans que l’on sache vraiment pourquoi. Le récit se finit par la disparition des femmes et de leurs visiteurs et le roman se termine par l’arrivée de gendarmes dans la grande maison sans que Patoche puisse expliquer les motifs de cette disparition.

Je n’ai pas aimé l’impression que m’a laissé ce récit et je n’ai pas été sensible à l’écriture et à la nostalgie très présente tout au long du livre. Il laisse une impression d’inachevée, peut-être est-ce là la volonté de l’auteur et sa réussite ?

Fuck America – Edgar Hilsenrath

Fuck America est d’abord un témoignage poignant sur l’écrivain immigré crève-misère tout en abordant le thème de l’Holocauste d’une manière légère. Voilà un livre qui ne laisse pas indifférent.

Dès le début du livre, on est happé par l’écriture, intrigué par la forme et le sujet. La correspondance dès les premières pages avec le Consul Général des Etats-Unis vous entraîne dans un texte surréaliste et totalement loufoque.  Hilsenrath, écrivain juif allemand écrit dans un style très familier, direct et selon des thèmes qui lui sont chers. Il démonte d’une manière subtile le conte de fée du « rêve américain ». Les expériences souvent humoristiques du juif émigré Bronsky sont pourtant la preuve que le rêve américain n’est pas forcément accessible à tous. On a envie de voir si Bronsky va réussir à finir son livre, à être publié et connaître le succès auquel Bronsky croit.

Pourtant, même si j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, il n’est cependant pas au même niveau que le « nazi et le barbier », lu en premier. Je conseillerai donc aux lecteurs de lire en premier Fuck America avant Le nazi et le barbier.