Le parti pris des oiseaux – Stanislaw Lubienski

Le livre alterne entre des histoires passionnantes et des idées qui viennent à l’auteur de manière parfois erratiques mais cela n’est pas dérangeant. Chaque page contient une image merveilleuse : le cri du vanneau est « larmoyant et plaintif, comme les sons que l’on émet en tournant les cadrans d’une radio Śnieźka ». Łubieński est plus que capable de se révolter. Il écrit avec une réelle passion sur l’impact dévastateur sur les oiseaux de Varsovie de la refonte des parcs et jardins publics de la ville.

Stanisław Łubieński est le type même d’ornithologue que j’affectionne. Il ne s’arrête pas lorsque les jumelles sont remises sur l’étagère mais creuse un peu plus. Il veut toujours en savoir plus sur l’histoire, la science, les coutumes, les traditions, et il a toujours une histoire amusante à raconter. Son récit sur le baguage des oiseaux est formidable. Il semble que les Troglodytes ne posent pas de problèmes en se laissant manipuler docilement. Les autres oiseaux comme les mésanges peuvent se débattre et donner des coups de bec, mais le Roitelet huppé (qui ne pèse que cinq ou six grammes, se blottit contre le col de votre chemise. Parfois, explique Łubieński, le bagueur oublie que son nouvel ami est là et, en se déshabillant dans sa tente, il est surpris de voir un minuscule paquet de plumes dégringoler sur le sac de couchage. Quant à la migration, Łubieński reste admiratif, de la Sterne artique ou Paradisae, capable de parcourir plus de 70 000 kilomètres en une seule année. Sa migration s’effectue entre le Groenland jusqu’en Antartique. Quant à la Barge rousse, explique Łubieński, elle est capable de parcourir onze mille kilomètres entre l’Alaska, son lieu de nidification et la Nouvelle-Zélande, dans un vol ininterrompu de huit jours. Pour cela, elle s’alimente en ingérant une partie de son appareil digestif et de certains muscles. Ainsi plus elle avance, plus elle s’allège et plus elle augmente sa vitesse de propulsion…

L’éventail des intérêts de Łubieński est profondément impressionnant. Il consacre tout un chapitre à la disparition progressive des cigognes en Pologne. Il analyse à travers l’art et le folklore les raisons qui ont amené la cigogne à choisir d’autres contrées et de terres de migration. Les oiseaux inspirent les hommes depuis la nuit des temps. Ils sont les notes derrière le génie de Mozart, les couleurs derrière l’art Chelmonski ou Malecki. Ce livre ouvre un vaste royaume de sons, de couleurs et de significations étonnants – un monde complet dans lequel nous, les humains, ne sommes jamais seuls.
Un mélange enchanteur et stimulant d’observation attentive des oiseaux et d’histoire culturelle, raconté avec une perspective nouvelle et rafraîchissante.

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